
Message adressé au sommet mondial pour le développement
durable par la communauté internationale baha'ie :
NEW YORK, le 23 août 2002. La Communauté internationale
bahá'íe a fait une déclaration, 'Religion et développement
à la croisée des chemins: convergence ou divergence', au
Sommet mondial pour le développement durable, conférence
organisée par les Nations unies à Johannesburg, République
d'Afrique du Sud, du 26 août au 4 septembre 2002. Ci-dessous le
texte complet de cette déclaration :
"Tout au long du 20ème siècle, les préjugés
ethniques, raciaux et nationaux ont progressivement donné lieu
à la prise de conscience que l'humanité forme une seule
famille et la terre un seul pays (1). Les Nations unies (ONU), créées
en réponse à cette prise de conscience, ont travaillé
sans relâche afin de faire émerger un monde, dans lequel
tous les hommes et toutes les nations puissent vivre ensemble, dans la
paix et dans l'harmonie. Pour porter secours à ce monde, les Nations
unies ont tissé un remarquable réseau d'institutions, d'organisations,
de conventions internationales et de plans d'actions globales qui ont
contribué à éviter les conflits et les guerres, à
protéger les droits de l'homme, à encourager l'égalité
entre hommes et femmes et à améliorer les conditions matérielles
d'innombrables individus et communautés.
En dépit de ces victoires significatives, les Nations Unies doivent
cependant comprendre à la fois le rôle positif que peut jouer
la religion en créant un ordre mondial de paix et de prospérité,
et l'impact destructeur que le fanatisme religieux peut avoir sur la stabilité
et le progrès du monde. Ce manque de considération à
l'égard de la religion peut être notamment observé
dans le domaine du développement, où les Nations unies ont,
pour une grande part, considéré les communautés religieuses
comme de simples canaux pour l'acheminement de biens et de services, comme
des moyens de réaliser des politiques et des programmes de développement.
Plus même, lorsque les instruments des Nations unies (2) en faveur
des droits de l'homme ont été utilisés pour condamner
l'intolérance et la persécution religieuses (3), les politiques
et les programmes de développement des Nations unies (4) ont stigmatisé
la bigoterie religieuse comme l'obstacle majeur à l'établissement
de la paix et du bien-être dans le monde"Notes :
1- Avec cette prise de conscience, s'est développée l'idée
que la paix et la prospérité mondiales seront impossibles
aussi longtemps que les droits de l'homme seront régulièrement
violés, l'égalité des femmes niée, les minorités
ethniques et raciales discriminées, les ravages de la pauvreté
ignorés et la souveraineté nationale sans freins exercée.
2- Malheureusement, les Nations unies ont été incapables
d'aller au-delà de la Déclaration sur l'élimination
de toutes les formes d'intolérance et de discrimination basées
sur la religion ou la croyance, pour concevoir une convention sur la liberté
de religion et de croyance. La capacité des Nations unies à
transformer les déclarations de l'Assemblée générale,
sur la race ou sur les femmes en conventions, souligne seulement son absence
de réussite dans le domaine de la religion et de la croyance -
c'est à dire que, après la Déclaration sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination raciale, et la Déclaration
sur l'élimination de la discrimination envers les femmes, les Nations
unies ont élaboré la Convention internationale sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination envers les femmes.
3- Bien que quelques-uns des plans d'action globale issus des conférences
récentes des Nations unies suggèrent que le mésusage
de la religion s'oppose au développement, les quelques références
qu'elles y font, ni n'examinent les effets de la bigoterie et de la violence
religieuses sur le développement et la sécurité,
ni ne proposent de solutions. (Voir, par exemple, la Déclaration
de Vienne et le programme d'Action, II-22, 38 ; la Déclaration
de Copenhague et le programme d'Action, 69 ; la Plate-forme pour Action
de la 4ème conférence mondiale sur les femmes, 24,80(f),
131,224 ; L'Agenda d'Habitat, 25 ; Nous, les peuples : le rôle des
Nations unies au 21ème siècle, 200 ; la Déclaration
de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination
raciale la xénophobie et l'intolérance qui s'y rattache,
59-60.) Agenda 21 mentionne la religion, mais sans aucune référence
à l'impact de son mésusage sur le développement (voir,
Agenda 21, 5.53, 6.1, 6.3, 6.4, 6.12, 6.32, 6.34 (a)(i), 36.13 (a)). De
plus, le Programme pour l'exécution permanente d'Agenda 21, élaboré
au Sommet de la terre +5, ne contient aucune mention de la religion, et
l'Ébauche du plan d'exécution pour le sommet mondial pour
un développement durable qui a été négocié
à la 4ème session du comité préparatoire (27
mai - 7 juin 2002), mentionne une fois la religion et seulement à
l'appui de la déclaration que l'organisation de services de soins
de santé de base est " dans la logique...des valeurs culturelles
et religieuses " (A/CONF 199/PC/L.5, #45). Cette omission des effets
destructeurs du fanatisme religieux sur le développement durable,
dans les plans d'action globale émanant du Sommet de la terre,
du Sommet de la terre+5, et du Sommet mondial pour un développement
durable, est pour le moins frappante, étant donné que quelques-unes
des conférences des années 90 avaient, au moins, exprimé
une préoccupation à propos de l'intolérance religieuse.
4- Dans ses efforts pour combattre le terrorisme, les Nations unies ont
hésité à s'adresser au fanatisme religieux. À
travers une série de résolutions, de traités et d'actions,
les Nations unies ont réclamé une coopération internationale
concertée pour combattre le terrorisme, le stigmatisant comme "
une des plus sérieuse menace à la paix internationale et
à la sécurité pour le 21ème siècle
" et contraire à " la prospérité et à
la stabilité mondiale " (S/RES1377 (2001)). Cependant, en
même temps, les Nations unies ont été réticentes
à identifier le fanatisme religieux comme une source de terrorisme,
s'y référant le plus souvent indirectement - par exemple,
" le terrorisme motivé par l'intolérance ou l'extrémisme
" (S/RES/1373 (2001)). Dans les quelques occasions où il est
mentionné directement, il fait partie d'une liste de justifications
diverses - par exemple, " les actes criminels dans l'intention de
provoquer un état de terreur...sont...injustifiables, quelle que
soit la nature, politique, philosophique, idéologique, raciale,
ethnique, religieuse ou autre des considérations invoquées
pour les justifier " (A/RES/55/158, para 2; voir aussi A/57/37, Annexe
III, Article 5, Report of the Ad Hoc Committee [chargé de l'esquisse
de Comprehensive Convention on International Terrorism] élaboré
par l'Assemblée générale Resolution 51/210 of 17
December 1996; and the International Convention for the Suppression of
the Financing of Terrorism, Article 6). Curieusement, même les diverses
résolutions prises par le Conseil de sécurité, l'Assemblée
générale et la Commission des droits de l'homme en réponse
aux actes terroristes du 11 septembre 2001, n'ont pas identifié
le fanatisme religieux comme force animant ces actes (quelques discours
du Secrétaire général des Nations unies font allusion
à ces motivations fanatiques : " C'est pour nous un combat
moral contre un démon qui est une abomination pour toutes les religions.
" SG/SM8013, Message du Secrétaire général Kofi
Annan à la Conférence de Varsovie pour combattre le terrorisme,
6 novembre 2001) Cette hésitation à reconnaître et
à condamner vigoureusement la bigoterie religieuse comme motivation
des actes terroristes, affaiblit l'efficacité des efforts des Nations
unies à mettre une fin au terrorisme international. Car, c'est
seulement en identifiant et en comprenant la motivation précise
de telles actes qu'ils peuvent être efficacement combattus.
|